Exposition sur Casa : la vision de Abdelkrim Ghattas
Influences
Un octogénaire, Abdelkrim Ghattas, natif de la médina de Casablanca en 1945, transforme la ville en une utopie bauhausienne explosive. L'exposition "Casablanca Imaginiste" met en avant des œuvres hard-edge fascinantes, représentant un père plongeur dans le port, une tante tissant la folie et des artistes des Beaux-Arts exprimant leur rébellion. Une fusion intime entre individuel et collectif, entre la culture arabe et africaine du Maroc. L'art n'est pas un tombeau, mais une expérience chromatique intense, tranchante et enflammée.
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Oh, la ville de Casablanca ! C'est comme un cœur battant plein d'énergie, avec ses maisons anciennes et ses immeubles modernes qui regardent vers Casa Anfa. Abdelkrim Ghattas, un artiste marocain renommé, la revoit sous un jour nouveau avec sa série de peintures intitulée "Casablanca Imaginiste" à la Loft Art Gallery. Cette exposition n'est pas juste une représentation artistique moderne de la ville, mais plutôt une exploration psychogéographique qui mêle souvenirs personnels et évolution constante de l'urbanisme.
Ghattas, un artiste rebelle de la promotion 1969 de l'École des Beaux-Arts de Casablanca, influencé par des figures comme Farid Belkahia, Melehi et Chabâa, crée des œuvres explosives et lyriques. Ses toiles se caractérisent par une abstraction hard-edge, des lignes épurées et des chromatismes dynamiques. Il puise son inspiration dans le port, l'atelier de tissage de sa tante et les ateliers d'orfèvrerie et de tapis de l'École, qui ont insufflé du sang artisanal dans le modernisme en rejetant les conventions académiques.
Sa approche se caractérise par une radicalité joyeuse et presque révolutionnaire. Il ne s'agit pas d'une simple imitation ici : Ghattas explore Casablanca non pas en tant que géomètre froid, mais en tant que cartographe des émotions les plus profondes. La ville devient un terrain fertile, où le tramway fait le lien entre Derb Sultan et une utopie Bauhaus – une interprétation maghrébine fantomatique où les formes géométriques fusionnent avec les traditions populaires, et les plans urbains s'entremêlent dans des dimensions temporelles multiples.
Après avoir étudié aux Beaux-Arts à Paris entre 1968 et 1972, il est rentré pour enseigner et créer des fresques à Asilah, Agadir, Salé. Cependant, malgré ses tentatives, c'est toujours son style abstrait-figuratif spontané qui se révèle : une énergie inattendue, une impulse qui fait surgir la couleur de manière explosive, comme un accord de guitare flamenco sur un fond de jazz discordant.
Dur dans ses convictions, on peut dire de lui qu'il a un cœur de fer : il défend âprement le patrimoine marocain, arabe et africain, tout en dialoguant vigoureusement avec le monde international. Yasmine Berrada, qui dirige ces lieux, le proclame haut et fort : "Ghattas représente l'esprit de Casablanca, liant art et vie, toile et ville". Et Maud Houssais, commissaire de l'exposition, renchérit en disant que "ces tableaux débordent des cadres, refusant d'être confinés, à l'image de la ville elle-même qui foisonne et se réinvente constamment".
Les créations artistiques de Casablanca Imaginiste sont des représentations vivantes, des compositions textiles dynamiques et des plans urbains entrelacés qui captivent plutôt que de simplement raconter. Cette approche artistique remet en question l'héritage arabe et africain à travers une fusion entre souvenirs personnels et modernité abstraite, créant ainsi une atmosphère émotionnelle et universelle.
Ghattas, qui est à la fois sociable et humble tel un expert artisan, utilise la peinture comme un moyen politique : restaurer une modernité enracinée dans la culture marocaine, loin des influences culturelles fades et ennuyeuses.
Alors, si vous vous trouvez à Casablanca, ne manquez pas cette opportunité de voir la ville blanche se transformer en un kaléidoscope rebelle. Et Ghattas ? Il démontre qu'à 80 ans, on peut toujours peindre comme un enfant qui crée un nouveau monde. Bravo à lui.
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